Toutefois, le champ d’étude est si vaste que la revue a décidé de recentrer son activité sur la situation de l’homme en tant que lié au Monde. Objet de l’anthropologie philosophique, cette approche doit aussi s’élaborer selon les transformations du sens qu’opèrent progressivement les communautés humaines. La déclinaison herméneutique des figures de l’homme et du monde, qui tisse l’histoire et la rencontre des cultures, rend donc nécessaire une anthropologie historique, appuyée par l’investigation permanente d’un Comprendre. Cette voie a été ouverte par le numéro 7 sur G.B. Vico, paru en 1998, dont le retentissement a été international. Elle se poursuit avec le numéro 11-12 de la « deuxième série » sur Giordano Bruno. Le plein accès à la compréhension de la situation humaine, en particulier pour les temps modernes, doit en outre reconnaître le rôle majeur des discours scientifiques dans les définitions de l’homme. Les conceptions d’univers et du vivant apparaissent notamment de plus en plus déterminantes pour le destin anthropique, où l’Occident tient un rôle majeur. Les théories cosmologiques et la philosophie du vivant seront donc des axes importants de la nouvelle ligne éditoriale.
Publiée dorénavant sous l’égide de la Société d’études et de recherche d’anthropologie philosophique et historique – Seraphis – la publication se propose donc, d’élargir l’horizon de son champ d’investigation et de renouveler une organisation où Claude-Raphaël Samama sera directeur éditorial aux côtés de Philippe Forget. Un comité de rédaction est mis en place et un conseil scientifique constitué.
Des discours enserrent, assignent ou contraignent l’anthropos contemporain, conscients ou inconscients, en voie de reflux, d’émergence ou d’oubli, impliquant une ontologie, une axiologie ou une pragmatique. Il convient à chaque fois d’en cerner les enjeux et la portée. La science et de plus en plus la technique, aujourd’hui incontournables dans l’évolution des sociétés humaines, appellent quant à elles des pensées d’évaluation, de synthèse mais aussi de distanciation. Dans cette perspective, la revue traitera soit de thèmes concernant la situation et le devenir humains, soit de penseurs dont l’œuvre garde toute sa force d’actualité pour comprendre le « monde-devenu » et l’horizon du futur.
1) La recherche universitaire, aujourd’hui trop spécialisée, ne permet plus la vision d’ensemble. Il s’agit de libérer le regard, d’orienter l’action en dépassant les clivages paralysants des idéologies et des conformismes.
Voici déjà quelques « dossiers » que retiendront de prochains numéros :
Actualité du prophétisme; écologie et théories du vivant; philosophies du pragmatisme; anthropologie, culturalité et identité; cosmologies et compréhension de l’homme; le devenir européen face à la question planétaire, l’éco-culturalité et ses paradigmes, l’humanisme et les humanités...
Ces premiers thèmes ne sont évidemment pas exhaustifs et pourront être réorientés au fil d’un dialogue avec les lecteurs et les chercheurs, la perspective internationale étant prise en compte.
2) Un autre volet consistera à aborder ou ré-interpréter des auteurs inscrivant leurs œuvres dans la dimension d’une anthropologie civilisationnelle et encore active. Il s’agit en décloisonnant la recherche académique d’ouvrir à la compréhension des totalités signifiantes en contrepoint de leur segmentation.
Ont été retenus dans le cadre d’une anthropologie philosophique et historique, et bien évidemment sans que cette première liste soit définitive :
Goethe, Herder, Saint-Simon, Peirce, Dilthey, James, Weber, Bergson, Dewey, Whitehead, Croce, Cassirer, Gentile, Grassi, Arendt, Foucault, Bateson ...
Les philosophies italiennes et américaines qui ont notamment compris l’homme à travers son activité pratique, civile et inventive, feront l’objet d’une attention particulière, sans oublier évidemment le champ de la culturalité européenne.
L’Art du Comprendre aura dorénavant une périodicité annuelle, sans préjuger d’autres publications ou activités complémentaires.